En tant que formatrice sur les enjeux de diversité et d’inclusion, je fais régulièrement la promotion de l’écriture inclusive dans mes formations. Quand je parle de la rédaction des offres d’emploi, par exemple. Je recours moi-même à l’écriture inclusive, même si je trouve que cela alourdit les textes. L’habitude est prise : mes articles de blog utilisent l’écriture inclusive, pour représenter la diversité des individus. Et pourtant, en pleine formation sur le référencement naturel, je me rends compte d’une triste réalité. Si on varie de la requête, on sort de la course pour la meilleure place en termes de référencement. La meilleure place, j’en suis loin, mais avec cette logique, je me dis que mes articles ne sont probablement même pas référencés par Google, ou alors en 150ème page environ…
Me voilà devant un dilemme : en finir avec l’écriture inclusive, au détriment de mes convictions, ou travailler mon référencement de manière efficiente. Devant l’accent mis par Google sur les enjeux de D&I, je me suis dit qu’il y avait forcément une solution… Breaking news, je n’en ai pas trouvé. Mais voici les informations utiles que j’ai trouvées pour arriver à rapprocher (si vous le souhaitez) inclusion et SEO.
Avant de discuter des aspects techniques, une première question se pose.
L’écriture inclusive, c’est quoi ?
Sans entrer dans le détail, on peut définir l’écriture inclusive comme des variations de l’écriture prenant la forme d’un langage épicène, de rédactions épicènes, en somme d’un langage neutre, ou encore non genré. Vous pouvez consulter la page Wikipédia du langage épicène, si vous souhaitez plus d’informations. Le langage épicène prend des formes multiples : parenthèses, slash, point médian, point, majuscule, nouveaux mots… Vous faites face à un auditoire concentré ? Voici comment parler de participants et de participantes…
- Concentré·e·s
- Concentré(e)s
- Concentré/e/s
- Concentré.e.s
- Concentré-e-s
Ce ne sont pas les possibilités qui manquent, et on peut être inventifs !
Oui, ok pour être inventifs… Mais qu’en dit le Grand Patron du SEO à tous, aka Google ?
Déjà, essayons nous-mêmes de taper une requête inclusive. Et là, premier constat. Google va trouver certaines versions, mais pas toutes. On remarque aussi que Google va nous proposer des résultats au format inclusif uniquement. La règle est donc simple : pour une requête inclusive, on obtient des résultats inclusifs, pour une requête non inclusive (la grande majorité des requêtes donc), on obtient des résultats non inclusifs. En somme : utiliser l’écriture inclusive ou maximiser son référencement, il faut choisir.
L’écriture inclusive n’est donc pas bonne pour le SEO. Après moult recherches en ligne, le constat est unanime. Les spécialistes du SEO la déconseille. Le sujet fait même parfois débat : doit-on l’utiliser ou non sur le web ? Et pourquoi ne pas l’utiliser juste sur les réseaux sociaux ? Autre sujet de débat, l’aspect ségrégatif de l’écriture inclusive, qui est notoirement plus dur à lire pour des personnes dyslexiques, par exemple. Vous l’aurez compris, le débat n’est pas tranché sur le web. Mais moi qui veut continuer à représenter toutes et tous, comment dois-je faire pour que Google ne relègue pas mon site dans les abymes de la toile?
Unir écriture inclusive et SEO, un mariage compliqué – mais pas forcément impossible ?
Vous le savez probablement, mais pour attirer du trafic sur son site, il faut être bien positionné. Pour cela, il faut répondre aux requêtes des internautes avec un contenu pertinent- et donc comprenant des mots clefs pertinents.
Bon, comme vous vous en doutez aussi, la plupart des gens zappent l’écriture inclusive au moment de taper une recherche sur Google. Il m’arrive bien souvent de le faire aussi, j’avoue.
Comment utiliser l’écriture inclusive, sans impacter son référencement ?
- Utilisez l’écriture inclusive uniquement dans le corps de texte, jamais dans vos titres (H1, H2, H3 : dans aucun titre je vous dis !), dans les url de vos pages, et dans vos méta-descriptions. Pourquoi ? Car c’est ce que Google va regarder en premier, pardi. L’écriture inclusive ok, mais avec parcimonie.
- Petit tip également, Google ne considère pas pareil les points médians et les tirets. Les points médians seraient vus comme un espace, et les tirets comme des guillemets. Autant vous dire qu’il vaut mieux éviter les points médians dans les url, si on ne veut pas générer des erreurs. Préférez les parenthèses, le slash, le point du bas. Cerise sur le gâteau en plus, comme Google considère le point médian comme un espace, il ne référence que la première partie du mot, à savoir son masculin. Aux oubliettes, féminins et autres pluriels !
- Utilisez la double flexion, ou le doublet, pour inclure les deux genres sans avoir recours à l’écriture inclusive (par exemple : « bonjour à toutes et tous »). Si on va plus loin, on peut même se pencher sur les règles grammaticales à utiliser. Celles, par exemple, qui ont été évincées par le principe sexiste suprême que « le masculin l’emporte sur le féminin ». Ainsi vous pouvez recourir à l’accord majoritaire. L’accord se fait alors sur le genre le plus représenté du groupe. Vous pouvez aussi utiliser l’accord de proximité . L’accord se fait alors avec le terme le plus proche (ex : des collaborateurs et des collaboratrices engagées).
- Favorisez les mots neutres, épicènes ou bien les mots de globalisation. Vous pouvez choisir des mots dont la forme ne varie pas au masculin et au féminin comme : partenaire, spécialiste…Les mots de globalisation sont aussi bien pratiques (clientèle au lieu de clients et clientes, par exemple !).Evitez à tout prix les nouveaux mots (comme agriculteurice par exemple). Déjà parce que ces mots sont durs à écrire, mais en plus parce que Google ne vous proposera que des résultats avec ce mot.
- Faites le choix d’images d’illustration inclusives, pour renforcer vos choix d’écriture.
Que faudrait-il donc faire pour changer tout ça ?
Vous l’aurez compris, l’écriture inclusive comporte pas mal d’enjeux en termes de SEO qu’il est important de garder à l’esprit. (A défaut de se concentrer sur son objectif principal, à savoir sortir d’un genre neutre masculin qui contribue à forger un inconscient collectif dans lequel les femmes sont absentes – car oui, ce qui n’est pas formulé ne sera pas forcément conceptualisé, et donc ne deviendra peut-être pas réalité.).
Je vous le dis tout de suite, je suis tout sauf geek. Mais un peu idéaliste, du coup voici des objectifs sympas à proposer à Google, Yahoo et consœurs , pour un web plus inclusif:
- Les moteurs de recherche montreraient automatiquement une variété de contenus prenant en compte les différentes dimensions de la diversité
- Les moteurs de recherche devraient automatiquement être capables d’utiliser les différentes formes courantes d’écriture inclusive lorsqu’ils les trouvent sur un site web. L’objectif devrait donc être que ces pages soient automatiquement traitées et accessibles pour toutes les recherches qui sont liées.
- Idéalement, les propriétaires de sites utiliseraient des techniques d’écriture inclusive chaque fois qu’elles sont appropriées. Toutes les personnes faisant des recherches en ligne doivent se sentir incluses !
- En tant qu’utilisateurs, nous devrions pousse les moteurs de recherche pour qu’ils fonctionnent mieux, et prennent davantage en compte la diversité
- Les médias en ligne et les rédactions web doivent donner l’exemple (comme le journal Le Monde par exemple, qui a fixé de nouvelles règles d’écriture inclusive à ses journalistes).
Et bien entendu, il est essentiel de « prendre le pli » d’une écriture plus inclusive – et pas qu’en faisant des recherches sur Google ! C’est en changeant nos habitudes qu’on changera aussi la technologie. Regardez, Google ferait à présent apparaître parfois des résultats… avec des points médians dans les titres.
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