La neurodiversité est une facette de la diversité dont on parle de plus en plus, et qui concerne environ 15% de la population mondiale. Le recrutement, le développement et la rétention des talents neurodivergents est un enjeu RH clef, et ce d’autant plus que les entreprises font face à une pénurie de talents.
💡Mais qu’est-ce que la neurodiversité ? Elle désigne la variété des fonctionnements neurologiques. Elle englobe notamment les TDAH, l’autisme, la douance (haut potentiel intellectuel), les DYS (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie), le syndrome Gilles de la Tourette, mais aussi la neurotypicalité (à savoir les individus avec une condition neurologique non différente de la norme).
La neurodiversité influence directement la manière d’apprendre, et donc l’acte de formation. Il est essentiel pour les formateurs de la prendre en compte afin de s’assurer de la bonne acquisition des connaissances et des compétences pour tous les participants, peu importe leur fonctionnement neurologique.
👉En premier lieu, il est essentiel d’intégrer la neurodiversité dans l’élaboration des contenus de formation.
Avant de vous lancer dans l’ingénierie de formation, prenez le temps de consulter les standards d’accessibilité W3C, ainsi que les conseils en termes d’accessibilité fournis par des outils comme Microsoft. Il est en effet important de limiter la surcharge cognitive, en adoptant une sobriété en termes de format, et de contenus (limitez les informations fournies sur une slide, ainsi que le nombre d’images). Vous devez également vous assurer de la cohérence et de l’illustration régulière du lien entre les objectifs pédagogiques et le contenu proposé. Favorisez les contenus concrets, avec des exemples opérationnels et si possible issus de la vie réelle.
👉Quelles méthodes pédagogiques utiliser, face à des collaborateurs neurodivergents ?
Tout d’abord, il faut garder en tête que les personnes neurodivergentes sont en général très créatives : n’hésitez donc pas à organiser des activités favorisant la créativité, qui sauront ravir et faire ressortir les forces de vos collaborateurs. Veillez à l’expérimentation et à la mise en pratique régulière (on conseille souvent le format 30% théorie, 70% pratique). Vous pouvez d’ailleurs dans le cadre de formations longues prévoir des mises en situation dans le cadre de travail, dont vous organiserez le débrief en début de session suivante. Si ce n’est pas possible, vous pouvez proposer la mise en place d’un coaching pour accompagner le collaborateur neurodivergent dans l’ancrage des acquis. Privilégiez également les exercices avec un lien avec le réel, comme les cas pratiques, les mises en situation ou encore les études de cas, et pensez à alterner les activités individuelles et en équipe (le travail en équipe peut entraîner plus facilement une fatigue cognitive pour les collaborateurs neurodivergents).
👉Vous avez réfléchi à vos contenus et à vos méthodes pédagogiques, et vous souhaitez à présent rédiger votre séquençage pédagogique ?
Une chose essentielle pour commencer est de diviser la formation en plusieurs sessions, pour faciliter l’attention des participants, et ce que la formation soit en présentiel ou à distance. Pensez à faire des pauses très régulières (le cerveau des personnes neurodivergentes étant très actif, il est indispensable de prévoir des temps de repos. Et surtout, prenez le temps de questionner en amont les participants sur leurs besoins, étant donné la large variété de fonctionnements neurologiques, et donc de méthodes d’apprentissage. Cela vous permettra de proposer un déroulé adapté. Malgré cela, il reste essentiel de garder en tête que vous aurez probablement à adapter la formation en temps réel (pensez donc à vous garder une porte ouverte dans vos déroulés pédagogiques).
👉Votre formation est prête, et le jour de la formation arrive ? Voici quelques conseils pour que votre formation se déroule pour le mieux.
Les personnes neurodivergentes ont tendance à ressentir de l’anxiété face à la nouveauté. C’est donc un élément à prendre en compte, en transmettant en amont le maximum de détails pratiques (lieu, horaires, séquençage de la journée…), ainsi que des ressources sur le déroulé de la formation et sur les éléments présentés en formation. Cela rassurera les personnes neurodivergentes, et leur permettra au moment venu de se concentrer sur votre formation. Afin de les mettre dans les meilleures conditions possibles, prévoyez des ressources pédagogiques très détaillées que vous fournirez à l’issue de la formation (et si possible le support de formation en lui-même), et partagez cette information avant de débuter la formation. Cela réduira le stress de vos participants, certaines personnes neurodivergentes ayant plus de difficulté à prendre rapidement des notes (les personnes dyslexiques, par exemple), ou à écouter et à prendre des notes en même temps.
💡Vous hésitez entre formation en présentiel et à distance ? Il est probablement préférable de choisir la formation à distance, afin de laisser les collaborateurs neurodivergents maîtres de leur environnement, ils ne s’en sentiront que plus à l’aise. Votre formation doit se tenir en présentiel ? Choisissez alors avec soin le lieu et l’environnement de la formation, en gardant en tête que les personnes neurodivergentes ont une plus grande sensibilité sensorielle (tout comme les personnes hypersensibles d’ailleurs). Evitez donc les lumières trop vives ou artificielles, les bruits ou les odeurs fortes, qui distrairaient l’attention de certains de vos participants. Sachez également que les personnes neurodivergentes ont une plus grande proprioception, il peut donc être utile de fournir des balles ou des bagues anti-stress pendant la durée de la formation.
💡Concentrez-vous également sur votre attitude en tant que formateur ou formatrice : laissez du temps à vos participants après avoir posé une question (certains auront besoin de davantage de temps avant de pouvoir formuler une réponse). Enfin veillez à adopter un ton neutre : éviter le second degré, le sarcasme, ou des blagues alambiquées, qui peuvent être dures à comprendre pour les personnes neurodivergentes.
La prise en compte des neurodivergences dans la formation professionnelle est une excellente manière de questionner l’efficacité des pratiques de formation, et notamment des méthodes « old school », centrées sur la théorie. Les personnes neurodivergentes représentent une grande richesse pour les entreprises, et un vivier de talents encore pas assez exploité : il est donc stratégique aujourd’hui de s’assurer que la formation, en tant que levier de développement des compétences, s’adapte à tous les profils neurologiques dans une démarche axée sur l’agilité et l’amélioration continue.
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