On a passé des siècles sans se poser la question, et aujourd’hui pourtant le sujet du sens au travail est sur toutes les lèvres, et notamment sur celles des Millenials qui ont grandi voulant challenger le statu quo et entreprendre.

La question du travail, et plus particulièrement celle du sens au travail, est une problématique inlassablement soulevée par les philosophes à travers les siècles de Platon qui réfléchit aux effets de la division du travail sur les individus à Marx qui accuse la société industrielle d’aliéner les travailleurs en les séparant du produit de leur travail, et donc en les privant de sens. Néanmoins, jusqu’à très récemment, le monde du travail était resté assez hermétique à cette approche philosophique du sens chez les travailleurs. Depuis plusieurs années en revanche, et notamment grâce à l’arrivée de nouvelles générations sur le marché de l’emploi, les entreprises se posent de plus en plus la question d’un management qui prend en compte toutes ces problématiques comme le souligne l’intervention « Sens du travail, bonheur et motivation » d’André Comte Sponville au Cigref. Phénomène intéressant : l’âge auquel on réfléchit à l’utilité sociale de notre job et au sens de notre travail diminue ! Et alors qu’on a parlé pendant longtemps de la crise de la quarantaine (crise touchant à la fois la sphère professionnelle et la sphère privée), on fait souvent référence aujourd’hui à la crise de la trentaine, centrée principalement sur la vie professionnelle et le style de vie (Paris versus province, par exemple). 

La question du sens au travail reste très personnelle, néanmoins il nous arrive à tous d’avoir une baisse d’énergie, ou une période de forts questionnements : suis-je satisfait.e par ma vie professionnelle ? Suis-je en train de mener la vie dont je rêve ? Ma carrière est-elle en accord avec mes aspirations ? 

Quelle attitude et que faire dans ce cas-là, pour protéger notre santé mentale et continuer à aller de l’avant ?

  • S’écouter : la règle de base est bien sûr de prendre le temps de réfléchir à ce qui ne fonctionne pas ou plus, et d’écouter cette petite voix intérieure, qui vous guidera sur le chemin de vos besoins et de vos aspirations cachées ou oubliées. Cela vaut aussi pour votre santé physique : ne tirez pas sur la corde au risque de foncer tout droit en burn-out, et prenez le temps de souffler et de lever le pied pendant ou après une période difficile ou chargée au travail. 

  • Repenser son équilibre de vie : et par là, je n’entends pas que les horaires que vous faites au travail ! Vous pouvez effectivement essayer d’adapter vos horaires (en essayant de finir plus tôt pour les acharnés du travail nocturne, ou encore en vous bloquant 1 heure le midi pour faire du sport), mais plus généralement prenez le temps de définir l’équilibre de vie qui correspond à vos besoins et à vos contraintes. Vous pouvez par exemple incorporer davantage de télétravail si vous appréciez la flexibilité que cela vous donne, ou au contraire le réduire si vous êtes en manque d’interactions sociales. Vous pouvez même dans certains cas envisager un travail 100% à distance, afin de voyager (comme les digital nomads) ou de vous installer dans une autre ville. Vous avez le rêve de lancer votre entreprise ou votre propre marque artisanale, ou avez envie de davantage profiter de vos enfants ? Pourquoi ne pas envisager un 4/5ème ou un mi-temps, en fonction de vos contraintes financières ? 

  • Développer de nouvelles compétences et de nouvelles connaissances : la perte de sens au travail peut être due à l’impression que l’on a de faire du sur-place. Prenez le temps d’identifier les compétences et les connaissances que vous souhaitez acquérir, afin de négocier de nouveaux projets en interne, ou d’identifier les bonnes opportunités en externe. Cela peut aussi être l’occasion de renouer avec une activité extra-professionnelle ou pour démarrer une activité associative, afin de combler d’autres besoins que ceux que votre travail arrive à combler.

  • Retrouver du lien social : ne vous enfermez pas sur vous-même en période de doute, au risque de passer des heures à tourner en rond dans votre tête. Demandez leur avis à des amis que vous estimez être des bons conseillers, et ouvrez-vous à vos collègues proches sur certaines de vos interrogations ou frustrations, vous découvrirez peut-être que vous n’êtes pas seul.e, et vous arrivez plus facilement à mettre des choses en place à plusieurs. 

  • Discuter avec son manager : quand vous y verrez un peu plus clair, prenez le temps d’échanger avec votre manager sur les doutes ou les questionnements professionnels que vous avez. L’objectif est de pouvoir vocaliser vos aspirations professionnelles, vos points de blocage, et de comprendre comment votre manager peut vous aider à aller de l’avant. Passez-y au moins 1 heure, et n’hésitez pas à demander l’aide de votre manager pour prioriser vos missions, ou pour réfléchir à de nouveaux projets qui pourraient enrichir votre profil.

  • Faire le bilan : si après réflexion, vous n’arrivez pas à clarifier vos idées suffisamment, ou si vous avez besoin d’un œil expert extérieur, vous pouvez réaliser un bilan de compétences dans le but de mieux vous connaître (Boost my Talents propose par exemple plusieurs types d’accompagnement en entreprise, et notamment un bilan de sens) et de mieux comprendre vos aspirations. Vous pouvez déjà initier ce « point d’étape professionnelle » en vous posant les questions suivantes : quelles sont mes compétences spécifiques ? Pour quoi suis-je reconnu.e ? Qu’est-ce que me passionne ? Quelles sont mes plus grandes réussites ? Qu’est-ce que je n’aime pas faire ? Quel environnement de travail me convient le mieux ?

Le questionnement sur le sens au travail est un processus qui prend du temps, ne culpabilisez pas si vous ne trouvez pas les réponses en quelques semaines (à titre personnel il m’a fallu 6 mois !). Mais ne taisez pas ces interrogations, car elles vous mèneront probablement vers une nouvelle étape professionnelle adaptée à votre bien-être et à vos aspirations.